Mission Chocolat [rp terminé]

Red faisait de gros efforts pour exploser de rire. Il fallait dire que la scène était assez comique, mais surtout, elle était peu banale. La jeune soldate s'assit à coté de son supérieur avec un sourire en coin.
-Vous allez vraiment le ramener sur l'Arcadia ?
-Je ne sais pas...
-Vous savez, nous, on peut vous aider. Après tout, on est là pour ça non ?
La capitaine jeta un coup d'œil à sa subordonnée (mais pas relative, celle là) qui souriait un peu trop pour ne pas être désintéressée. Elle avait une idée derrière la tête et Albator ne voyait que trop bien où elle voulait en venir.
-Pourquoi aurai-je besoin d'aide ?
-Oh ! Je ne sais pas...Peut-être parce que le plus grand pirate de l'espace qui fond devant les grands yeux d'un chaton, ça fait moyen pour la réputation? Je suis sure que certains seraient prêts à payer très cher pour ce genre d'informations...
Le plus grand soupira imperceptiblement. Il savait qu'il n'aurait pas du laisser Yattaran entrainer Red. Tous les deux s'étaient forcément échangé des techniques bien plus intéressantes (pour eux) que celles prévues au départ.
-Combien tu veux pour ton aide ET ton silence ?
-NOTRE aide Captain, après tout, Lyu a également participé à cette mission...
-Combien ?
-Je ne sais pas, faut que j'en parle avec ma collaboratrice.
Albator se passa la main sur le visage. Il n'avait pas fini d'entendre parler de cette histoire...
Un gloussement le sortit de sa déprime intérieure.
-Vous avez vraiment cru que j'allais vous faire payer Cap' ? Vous m'avez prise pour Yattaran, ou quoi ?
Le dit "Cap" lui lança un regard noir.
-Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à le faire ! J'ai gagné le pari ! Yattaran n'a plus qu'à sortir son costume de neko !

Lyu s’approcha en sifflotant innocemment.

-Moi par contre, capitaine, glissa-t-elle à mi-voix, j’ai parié avec personne.

Elle lui adressa son sourire le plus innocent.

-Et ça va se payer cher.

Demander à ce qu’il passe Yama a la broyeuse était peut-être un peu extrême, bien que terriblement tentant.

-Tu proposes quoi ? demanda-t-il, renfrogné.
-Voyons voir. Je fais passer ce chaton pour le mien, ET je ne dis rien à personne. En échange, je veux un chocolat chaud ET le double de la clé de la soute de nourriture que vous gardez discrètement en croyant que personne n’est au courant.
-Mais... Comment tu sais ça, toi ?
-J’ai mes sources, répondit Lyu, évasive.

Inutile de balancer Masu, qui, en l’apprenant s’était dit qu’en matière de nourriture, Lyu serait sans doute sa meilleure arme pour récupérer ladite clé.

-Oh, ajouta-t-elle. Et c’est moi qui choisit le nom !
-Il s’appelle Ombre, tenta Albator en vain.
-Oh, que non, le reprit Lyu, son sourire vissé sur les oreilles.
-Ou alors, Death ?

Le grand capitaine avait l’air désespéré.
Elle serra le petit animal contre elle. Elle l’aimait déjà.

-Je vais l’appeler Chouquette !

Chouquette. Réellement ? Red commençait sérieusement à se demander ce qu'il se passerait si jamais le taux de sucreries évoquées devenait trop élevé. Personnellement,elle penchait pour un diabète collectif. Ce qui était un comble sachant que le seul truc sucré qu'elle appréciait, c'était le raisin. Quoique, cela ne ferait pas de mal aux deux fanas de chocolat. Après tout, Masu serait contente qu'ils mangent plus de trucs sains et équillibrés (genre, ses plats) et crierait peut-être moins. Mouais, on parlait de Masu quand même.
Lyu la sortit de ces réflexions douteuses en lui tendant le chaton (Chouquette donc) pour qu'elle le prenne un peu dans ses bras. L'hybride hésita un moment. Après tout, les Rakkuens étaient à moitié loup, et tout le monde savait que les félins et les canidés ne faisaient pas bon ménage. La petie créature miaula et elle le prit. Elle avait envie de faire une expérience.
Sa mère, lui avait expliqué que son peuple était capable de communiquer (de manière assez limitée, il est vrai) avec les autres animaux. En partuculier les loups. Peut-être pouvait-elle essayer avec cette boule de poil ?
-Salut toi.
-Miiiii.
Bon, ça commençait mal. Comment sa mère lui avait expliqué la technique, déjà ? Ah oui, il fallait se concentrer sur ses sensations, les visualiser, puis les envoyer vers l'animal.
Red recommança plusieurs fois l'opération sans succès. Le chaton en profita pour commencer à jouer avec son doigt qu'elle faisait bouger en cercle devant son museau. Le seul problème, c'est qu'il avait sortit les griffes.
-Qu'est-ce que tu essaies d'accomplir, lad ?
-Maou ?
Red soupira, elle n'avait pas assez prit du côté Rakkuen pour pouvoir le faire...Soudain elle sentit un flash de sensations qui n'étaient pas les siennes. Il y avait notamment de la chaleur, du contentement et la sensation d'avoir le ventre plein.
Le petit monstre lui avait répondu finalement. Seulement, il semblait aussi inexpéimenté qu'elle.
-Mouais, n'essaie pas de te défiler, toi.
-Maou.
-Sérieux ? Ça, par contre, c'est plutôt cool.
-Miaou.
-Maman ? De qui tu par...
Red se tourna vers son Capitaine (qui semblait se demander si elle étaitencore saine d'esprit) et lui sourit (voir ici un sourire moqueur).
-Il vous prend pour sa mère !

(Moi aussi je fais des posts WTF ! Red, la femme qui parlait aux chats XD)

Lyu verdit lentement. Elle était Jal... non, complètement folle de jalousie. Elle aurait donné n’importe quoi pour être capable, elle aussi, de parler aux chatons.
Et vu la tête du Capitaine, lui aussi.

Et si il ne montra aucune expression quand Red annonça qu’il le prenait pour sa mère, mais Lyu devinait sans peine sa fierté. La jeune fille croisa les bras.
Bientôt, ce chaton n’obéirait plus qu’à elle et a elle seule ! Et dans un duo d’enfer, ils sillonneraient le vaisseau, à la recherche de la moindre tablette de chocolat à subtiliser discrètement.
C’était un bon plan. Un très bon plan.

Elle se jura également de coller Yattaran de près, et avec un appareil photo sous la main. Un second en costume de Neko, ça pouvait valoir très cher en tours de vaisselle. Peut-être même en corvées de patates.

Elle reprit de droit Chouquette dans ses bras, et lui tendit la fin du biberon, que le chaton téta goulûment. Elle sentait qu’il allait faire un bon apprenti. Si déjà à cet âge là, il finissait des biberons complet, ça allait devenir une vraie terreur.
Son fidèle, second, le tigre du vaisseau...

-Miiii.

Bon, en attendant, il ressemblait encore plus à une serpillère que Yama au réveil, c’était dire le niveau.

-On va rentrer, annonça le capitaine en se relevant. Tout fonctionne, ici. La bombe est en place.
-La bombe ? releva Lyu.
-Kei m’a supplié de ne pas faire exploser, à cause de Kimoultou. Mais le prix du travailleur devient trop cher, ils vont délocaliser dans le système Balzac. Dès qu’ils ont dégagé, on lancera l’explosion de la bombe incendiaire. Les civils devraient avoir le temps d’évacuer, mais ils n’éteindront pas le feu. La bibliothèque de Gaia va brûler, et c’est le but.
-Très bien, acquiesça Lyu. On rentre comment ?
-Vu que j’ai cru comprendre que vous aviez eu un léger incident à l'atterrissage, on va rejoindre la mienne. Je l’ai posée derrière le bois, de l’autre côté de la ville.

Au souvenir de son dernier vol en navette, Lyu passa directement de la case «vert» à «bbien blanche» sans prendre la peine de laisser son visage reprendre une couleur humaine potable.

-C’est moi qui conduit, prévint le capitaine.
-Encore heureux, grogna Lyu.

Albator fusilla les filles du regard.

-Et la première qui fait mine de paniquer, je l’assomme et elle fait le voyage en soute, je suis clair ?

Red ne put empêcher un glapissement de terreur à la pensée d'un autre voyage en navette. En plus ce n'était pas de sa faute si elle avait autant peur de la hauteur. Les Rakkuens avaient cette peur dans la sang. Si le vide ne les effrayaient pas, le fait de voir le sol et de ne pas pouvoir le sentir sous leurs pieds les paralysaient littéralement. Parce qu'ils ne se sentaient pas en sécurité dans les airs (qui était loin d'être leur élément). S'il était amusant de voir des guerriers Rakkuens, si fiers et impressionnants, pleurer comme des fillettes dès qu'ils étaient à trois centimètres du sol, il l'était beaucoup moins quand on souffrait de la même peur. Heureusement pour elle que les soldats de Gaia étaient des incultes en ce qui concernait son peuple parce que sinon, ils lui en auraient vraiment fait baver (pour l'instant, la seule personne qui avait réussi à la faire craquer, c'était le capitaine).
Chassant ces pensées peu réjouissantes, la jeune fille se rappela un évènement antérieur.
-Et on fait quoi pour la fille ?
Les deux autres lui lançèrent un regard vide. Enfin, Lyu continuait à gagatiser devant la boule de poils tandis que le Capitaine les regardait d'un air désespéré (lui aussi avait envie de prendre la bestiole dans ses bras). En gros, ils en avaient rien à cirer. L'hybride soupira. Après tout, ce n'était pas très important.
Elle se cala sur le canapé et commença une sieste qu'elle estimait parfaitement méritée.

Lyu releva la tête. Hein, la fille ? quelle fille ?
Elle aurait compris "on fait quoi pour le chat", oui, très bien. Ou alors "on fait quoi pour les vaches carnivores ?" ou a la limite "on fait quoi pour le garde dans les égouts ?" Mais la fille ?

-Pour Holly Wood, précisa Red.

Lyu notta donc que malgré une très bonne immitation, Red, pendant le repas, n'avait pas fait que dormir.
Détail qu'elle devait avoir l'intention de rattraper, vu avec l'entrain avec lequel elle se cala dans le canapé pour dormir.

Tandis que red ronflait comme une bienheureuse, le capitaine envoya Lyu se changer dans un salle adjacente, lui demandant de remettre sa combinaison, apparemment très fier de son excuse pour lui reprendre le chaton.
La soigneuse ne sut jamais comment le capitaine avait fait, maiq quand elle revint dans la pièce, Red était réveillée, changée, et se tenait bien droite, en un garde à vous presque parfait.
Admirant le professionnalisme du capitaine, qui n'avait pas son pareil pour réveiller les assoupis, Lyu lui emboîta le pas dans les égouts. Albator verrouilla derrière elles la base, non sans avoir vérifié que la bombe était bien en place.
Puis il se lança dans un conduit bétonné, cherchant à bien rester sur le côté pour ne pas mouiller sa précieuse cape. Et vu la couleur de l'eau, Lyu était plutôt d'accord avec la stratégie.
En entendant le bruit de chutes d'eau, elle se figea. L'eau marronâtre rejoignait soudain trois autres conduits, puis était précipitée sur une chute de vingt mètres, avant de reprendre une course normale à l'étage d'en dessous.

-On va traverser ici, ordonna le Capitaine.

Ben voyons. à trois mètres même pas de la cascade, un petit saut en longueur du deux mètres cinquante, sans élan ?
Lyu croisa les bras. c'était humainement imposs...

Albator atterit souplement de l'autre côté, et se releva avec classe.

-Crâneur, grogna Lyu.

Red bavait. Littéralement. Le capitaine se dit que le canapé n'avait décidemment pas de chance. Il se pencha pour la réveiller.
-Big brother...
Ce n'était pas gagné, la jeune fille dormait vraiment comme une masse. Il tenta de la secouer. Aucun résultat. Même endormie, elle ne pouvait s'empêcher de n'en faire qu'à sa tête. Albator s'assis à côté de la carpette. Celle-ci se retourna vers lui pour...le prendre dans ses bras. Le capitaine se figea.
-Red. Enlève-toi de là, tout de suite.
-... Quoi ?
Enfin, la soldate c'était réveillée. Elle remarqua qu'elle serrait quelqu'un dans ses bras. Quelqu'un de plutôt grand et habillé en noir.
-What the fuck ! I'm...Je...Désolée...Pas fait exprès...
Et elle se jeta sur la porte pour sortir se changer. Quand elle revint, elle était prête mais étrangement sérieuse. Elle lui fit même un semblant de salut militaire. L'arrivée de Lyu fut un soulagement pour les deux autres.
Red suivit les autres dans les égouts avec peu d'entrain. Elle n'aimait pas cet endroit à cause de l'odeur insuportable qui régnait. Quand ils arrivèrent à la cascade elle fut soulagée. Au moins, elle n'aurait pas trop de mal même si elle tombait. Par contre, il fallait trouver une solution pour Lyu.
Elle sortit un de ses vieux t-shirts de son sac et commença à le déchirer pour en faire une corde. Elle fit un noeud autour d'un morceau de fer qui dépassait et se tourna vers Lyu:
-Quand je serait passée, utilise la corde. Et ne regarde surtout pas en bas, d'accord ?
N'attendant pas la réponse de l'autre, Red prit de l'élan tout en se forçant à ne pas regarder le vide en dessous d'elle et sauta. Elle réussit à arriver juste devant le bord et se hissa de l'autre côté.
-Lyu ! Viens !

Lui pâlit, puis déglutit. En dessous d’elle, les flots tourbillonnants lui semblaient rire. Se moquer d’elle qui n’était même pas fichue de sauter, en se tendant vers elle comme pour mieux la happer. Tremblante, elle demanda d’une petite voix :

-Il y a beaucoup de fond ?
-Un mètres quatre-vingt, répondit le capitaine. Donc non.

Ah, cela voulait-il dire qu’il était déjà tombé ? Lyu sentit un spasme de terreur secouer sa colonne vertébrale. Parce que si pour lui, un mètre quatre vingt, ça lui faisait un bain de pied sympa, Lyu pouvait toujours rêver pour retrouver la surface un jour.
Elle agrippa la corde improvisée comme si sa vie en dépendait -d’ailleurs, c’était le cas, et commença à se balancer timidement. Quand elle estima avoir pris assez d’élan, elle se prépara à relâcher sa prise, quand soudain, un drôle de bruit attira son attention.
Hum, oui, bien connu, comme bruit. On aurait dit un bout de tissu en train de se déchirer. Le T-shirt de Red était de bonne qualité (pas comme toutes ces horreurs faites sur la planète Wok, sous prétexte que le travailleur coûtait moins cher), mais cela n’empêchait pas qu’il n’était pas spécialement prévu pour supporter le poids d’une fille de dix-neuf ans, et de son sac.
Encore heureux, c’était le capitaine qui avait le chaton.

Un second bruit, encore plus sinistre que le premier, fit gémir Lyu, qui voyait tout à fait la fin venir, incapable de bouger ou d’improviser quoi que ce soit.
Elle eut le temps d’entendre le capitaine soupirer, et puis le tissu lâcha entièrement, et elle se vit plonger vers les flots bouillonnants.

Super, eut-elle le temps de songer avant de piquer une tête. Ma combinaison était propre.

La seconde d’après, elle se retrouvait la tête sous l’eau, incapable de différencier le haut du bas. L’eau poisseuse, en contact avec le moindre centimètre carré de sa peau, lui donnait une très forte envie de vomir, et un haut le coeur qu’elle ne parvint à contenir lui fit boire la tasse. En s’étouffant à moitié, elle sentit d’un seul coup une srface dure sous sa main, poussa de toutes ses forces dessus, et sentit avec un bonheur perceptible sa tête crevée la surface.
Son premier réflexe fut de recracher tout ce qu’elle avait avalé, parce que c’était tout de même absolument dégoutant et imbuvable, puis elle battit des bras pour se maintenir à la surface.
Elle avait pris des cours de natation, oui, comme tout les riches de Gaia. Lyu savait donc nager, et elle aimait plutôt ça. Mais dans l’absolu, elle préférait dans une eau plus claire, moins sale, et sans les trucs non identifiés qui lui nageaient entre les pieds.

Un peu perdue, elle tourna la tête à droite et à gauche, cherchant à retrouver ses coéquipiers. Un coup de feu la fit se retourner brusquement. L’écho de ce dernier rebondissait sur toutes les parois de la grottes, rendant impossible d’en idientifier la provenance. le tir fut suivi d’un second, et cette fois-ci, Lyu vit une étincelle ricocher sur l’une des vannes de sécurité, qui sauta.
En quelques secondes, l’eau se mit à décroître avec rapidité. La jeune soigneuse comprit qu’Albator venait, en tirant sur les vannes, d’ouvrir les conduits de sûreté, ce qui permettait d’assécher celui-ci.
Moins d’une minute plus tard, elle se retrouvait, encore suffocante, à genou au fond du conduit, sur un tapis assez peu appétissant de mousse verdâtre, entre les flaques d’eaux restantes et les poissons pris au piège.
Le capitaine se pencha, et la saisit par le col pour la ramener sur la berge.
Il n’avait même pas une mèche de cheveux mouillée.

Quand Lyu était tombée, le coeur de Red rata un battement. Elle ne connaissait pas beaucoup la jeune soigneuse, mais celle-ci lui avait fait confiance et donc c'était un peu de sa faute si jamais il lui arrivait quelque chose de grave. Le premier reflexe de la soldate fut de tenter de sauter pour aller la repêcher. Elle allait plonger quand quelque chose l'attrapa par le dos du T-shirt et la tira en arrière. Emportée par son propre poids, elle tomba sur le sol et s'écorcha le coude. Sa tête se cogna contre un morceau de métal, ce qui lui fit voir des étoiles pendant un instant.
Le temps qu'elle reprenne ses esprits, le capitaine avait déjà agi en tirant sur la vanne de sécurité, permettant ainsi à l'eau de sortir. Anxieuse, Red cherchait sa coéquipière des yeux. Elle ne voulait pas perdre quelqu'un d'autre.
Le capitaine fut encore une fois plus efficace qu'elle et ramena Lyu sur la berge. Soulagée, l'hybride se jeta sur elle et la serra dans ses bras le plus fort qu'elle put.
-I thought we'd lose you !
Il lui fallut du temps pour lâcher sa coéquipière. Voyant que celle-ci tremblait de froid, elle lui tendit sa veste (de toutes façons, elle ne la mettait jamais) .
-Je suis vraiment une idiote. J'aurais du vérifier la solidité de la corde avant de te laisser. Ja n'ai vraiment pas réfléchit avant d'agir...
La fille aux cheveux blancs soupira. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait ce reproche, mais aujourd'hui ça aurai pu très mal se finir. La simple pensée de l'autre fin possible de l'histoire la rendait malade. Heureusement que le capitaine les avait accompagnées, sans lui, Red ne savait vraiment pas ce qui se serai passé.
-Je comprendrai que tu m'en veuilles, tu sais ?

-Non, je t'en prie, refusa Lyu avec politesse. Je vais te la tremper, garde là. Et puis, je ne suis pas frileuse.

Bon, elle mentait éhontément. Lyu était un glaçon sur pattes, et passait son temps à porter des puls de plus en plus chauds. à l'infirmerie, dans son bureau, elle s'arragenait toujours pour garder le chauffage au plus haut, et travaillait assie sur sa chaise... sous la couette.
Mais bon ça, c'était aussi son côté feignasse.

-Merci d'ailleurs, fit-elle a Red en se penchant vers elle.

Elle avait bien vu que si la commise de cuisine était a moitié groggy par terre alors que le capitaine la tirait du conduit, c'était bien parce qu'elle avait eu le réflexe de plonger pour elle, et qu'il l'avait retenue, et non pas parce qu'il lui avait spontanément fracassé son épée sur le crâne, ou parce qu'elle s'était improvisé une petite sieste.

Lyu sentit un lourd morceau d'étoffe s'écraser sur elle. Elle le prit dans ses bras, et eut le réflexe de s'envelopper dedans pour se sécher un peu. Le capitaine venait de lui balancer la cape qu'il avait utilisée pour traverser la ville discrètement.

-Il y a des vêtements secs dans ma navette, signala Alabator.
-Sup-p-per, grelotta Lyu en frottant contre elle le morceau de feutre.

Plus que jamais, elle regrettait de s'être changée. Avec son chemisier, elle serait restée affreusement sale, mais au moins, elle aurait séché. Là, dans sa combinaison en cuir, l'eau et le sable étaient rentré sous la matière étanche, elle ne pouvait pas se sécher sans la retirer, et elle sentait le sable crisser contre sa peau. La grande joie. La grande classe, aussi.
Le capitaine ne poursuivit pas sur un long chemin. Une centaine de mètres à peine, les égouts de jetaient dans une rivière qui passait non loin, et ils émergèrent à l'air libre.
La rivière... avait sans doute été belle. Il y a longtemps. Abreuvée en permanence par le conduit des eaux usées, elle avait viré au brunâtre douteux, et de nombreux ordures et poissons morts flottaient à la surface.
La nuit étéait tombée, et on voyait très nettement dans le ciel la proxilité de la géante gazeuse, Thénardier, et de sa lune la plus proche, éponine. La planète les masquait des radars de Gaia, et les protégeait.

-La navette est juste là, indique-t-il.

Quand elle vit l'état de la rivière, Red fut dégoûtée par le manque d'attention des humains envers la nature. Et après, ils s'étonnaient que leur planète aille mal. Bande d'abrutis .
Elle regarda la navette d'un air meurtrier. On aurait dit que ce truc existait uniquement dans le but de l'humilier et de lui rappeler à quel point la vie pouvait être cruelle. Bon, elle en faisait peut-être un peu trop, mais elle avait ses raisons. Elle commença à s'avancer avec réticence.
-Attends.
Elle se retourna pour se retrouver nez à buste avec le capitaine.
-J'ai une mission pour toi avant que l'on rentre.
Red leva un sourcil. Encore une mission ? Il n'en avait pas assez de toutes ses bourdes ?
-Comme tu l'as si bien fait remarquer tout à l'heure, il nous reste à régler le cas Holly Wood. Je pense que tu es la plus qualifiée d'entre nous pour ce genre de choses.
L'hybride lui jeta un regard vide qui voulait dire soit "la flatterie ça ne marche pas avec moi" soit "gné ? je dois faire quoi ?". Difficile de trancher.
-Après tout, tu es plutôt douée pour laisser les gens en plan, non ?
Oulà, ça sentait le reproche à plein nez ça. La commise était un peu mal à l'aise en se disant qu'il faisait référence à leur première rencontre. Et ce n'était vraiment pas les plus beaux souvenirs de sa vie. Mais maintenant, elle voyait à peu près ce qu'elle devait faire.
-Je vais essayer...
Le regard de son capitaine lui indiqua qu'elle avait plutôt intérêt à ne pas se louper. Ce qui la donna encore plus envie de ne pas y aller. Même un voyage en navette lui paraissait soudainement comme une option tout à fait paisible et sans danger.
-Bon, ben j'y vais alors...
Elle jeta un regard vers Lyu qui lui lança un sourire d'encouragement avant de partir en trainant des pieds. Bon, il lui fallait trouver l'entrée de la ville maintenant. Utilisant ses sens plus aiguisés que ceux des humains, elle partit en direction de cette ville qu'elle aurait préféré quitter au plus vite. Elle arriva devant une route et se mit à la suivre en espérant qu'elle la mènerait au bon endroit. Sinon, elle n'aurait plus qu'à s'installer sur cette planète dans un coin tranquille et perdu en espérant que le capitaine l'oublie.
Elle avait déjà marché depuis trois bons quarts d'heure quand elle aperçut enfin les portes de la ville.
-Eh, toi !
Elle se retourna pour voir qui avait parlé. C'était un homme d'une vingtaine d'années, les cheveux courts et noirs coupés en brosse, avec un air sévère sur le visage. Il portait un uniforme que la jeune femme reconnut aisément puisque l'homme dans les égouts avait le même. Il était en train d'interpeler un homme très grand (il avait même l'air plus grand que le capitaine) qui portait une combinaison noire et jaune et un képi avec le blason des Indépendants dessus. Red fut étonnée, les Indépendants étaient en excellents termes avec Gaia, alors pourquoi ce soldat s'en prenait-il à lui ? Elle eut sa réponse quelques secondes plus tard:
-Ne me cherche pas gamin, je suis pas d'humeur.
-Et vous pensez vraiment que je vais vous laisser partir alors que vous etes suspecté d'avoir volé Valjean ?
L'Indépendant lui lança un regard noir. Il n'était pas coupable et Red le savait car c'était sûrement la personne qu'elle attendait la coupable.
La jeune fille aurait très bien put les laisser se taper dessus, mais elle avait une autre idée en tête.
-Excusez-moi, monsieur l'agent.
Les deux hommes se tournèrent vers elle.
-Hum...Il me semble que vous parliez d'un vol qui a eut lieu dans la ville. Or, je crois que j'ai des informations qui pouraient vous interresser.
-Dites toujours.
-Eh bien voilà...Hier matin, alors que je marchait dans la ville pour faire les boutiques, je me suis fait bousculer par un homme plutôt petit, aux cheveux blonds qui portait le même uniforme que vous. Il est partit en courant et sans s'excuser. Étant assez agacée par ce comportement irrespectueux, je me suis mise à le suivre et là, j'ai vu qu'il discutait avec un vendeur qui n'avait pas l'air très honnête. Ils semblaient marchander le prix de quelque chose. Quand ils m'ont vue, ils ont paniqués et se sont glissés sous une bouche d'égout pour ne oas que je les rattrape.
Le soldat eut l'air très affecté par l'histoire de la jeune fille. Il devait être le genre de mec particulièrement zélé qui était prêt à tout pour monter en grade.
-Si ils sont toujours là-dedans, on pourrait découvrir ce qu'ils fabriquent. C'est quoi votre nom ?
-Esmée Ralda. Pourquoi ?
-Je mentionnerait votre témoignage dans mon rapport. Je ne dois pas prendre de temps !
Et il partit en courant. La jeune pirate eut un sourire en coin, elld n'avait pas perdu la main. Elle venait d'empêcher un incident diplomatique ET éloigné un élément compromettant pour sa mission.
-Je suppose que je dois vous remercier Melle Ralda, enfin je doute que se soit votre vrai nom.
Elle se tourna vers l'autre homme.
-Non, en effet. Mais je préfère taire mon vrai nom, c'est plus sûr.
-Je vois...Le mien, en tout cas, c'est Warrius Zero, mademoiselle, Capitaine du vaisseau Indépendant le Karyū.
La jeune fille resta bouche bée. Elle venait de sauver la peau d'un des chasseurs de pirates les plus efficaces de la galaxie.
-Je vois à votre visage que vous avez quelque chose à vous reprocher. Mais comme vous m'avez aidé, je vais faire come si je ne vaus avait pas vu d'accord ?
La pirate hocha la tête.
-Euh...Je peux vous poser une question ?
Warrius lui jeta un regard étonné.
-C'est quoi exactement le "Valjean"?
-D'après ce que je sais, c'est un objet d'une immense valeur sentimentale pour les habitants de Fantine. Il paraît qu'il les protégerait contre toutes les invasions.
-I see...
-Ce n'est quand même vous qui l'avez volé ?
-Bien sûr que non ! C'est juste que je n'aime pas trop les flics, en fait.
Il ne paraissait pas très convaincu mais au même moment une jeune femme aux cheveux bleus arriva en courant.
-Capitaine ! Nous allons bientôt quitter Fantine ! L'équipage n'attend plus que vous !
-Oui ! J'arrive...Tenez, mademoiselle, c'est pour vous !
Il lui lança un objet non identifié qui s'avera être une boussole. Puis il courut rejoindre son vaisseau. Red resta un moment ébahie par la scène avant d'entendre une voix absolument insupportable :
-Enfin, je vous trouve ! J'ai cru que vous m'aviez oubliée.
Holly Wood se tenait devant elle, un gros sac à la main et deux autres à côté d'elle.
-Les autres ne sont pas là ?
-Euh...non, ils ont été occupés ailleurs.
-Quel manque d'organisation !
-Je signale que vous étiez pas vraiment prévue au programme, alors vous devriez être contente qu'on vous emmène avec nous.
Tout en parlant, la soldate avait attrapé les deux sacs par-terre qu'elle porta en plus du sien sans qu'elle ait l'air de faire des efforts. Elle remarqua que la voleuse serait son sac près d'elle, sûrement parce qu'il contenait l'objet volé.
Elle partit en première en direction de la navette. Alors qu'elle ignorait les remarques désagréables de la danseuse, elle mis au point un plan pour lui prendre son sac.
Elles étaient à quelques mètres de la navette quand Red s'arrêta bruquement et tira avec son cosmodragon sur la lanière du sac qui tomba. Laissant tomber le reste des affaires d'Holly, elle s'en saisit et comença à courir en direction de la navette.
-Capitaine ! Il faut décoller et vite !

D’un bond plus ou moins agile, et pas du tout gracieux, Lyu sauta dans la navette à la suite du capitaine. Ce dernier lui pointa la soute :

-Tu trouvera de quoi de changer là-dedans. Il y a un évier, aussi.

Il se laissa tomber su le siège du pilote, et mit les moteurs en marche pour les faire chauffer. Suivant ses directives, Lyu souleva la trappe de la soute, et se laissa tomber dedans, grimaçant en entendant ses genoux encaisser dans un craquement sonore les deux mètres de chute.
La navette, bien que minuscule à l’échelle de l’Arcadia, était déjà, par rapport à celle que les fille avaient crashé, immense.
Elle mit quelques secondes avant de trouver, à tâtons, l’interrupteur qui commandait des deux néons à cristaux de la soute.
Wow.
Pour être en désordre, c’était en désordre. La pièce en elle-même n’était qu’un gros tas de tissus et de vêtements et tous genre. Le lavabo n’était même pas visible.
Si le capitaine avait eu le sens du l’humour, elle n’aurait pas hésité à remonter lui demander une pelle.

Son premier réflexe fut de se débarrasser de sa combinaison trempée. Elle frotta avec vigueur ses épaules et son dos pour les débarrasser du sable et de la crasse qui les maculaient.
Elle finit par localiser l’évier, sous un tas de draps blancs qu’elle espérait a peu près propres. Sur le côté du récipient en émail, une jauge indiquait l’état du réservoir d’eau. Ce dernier, à moitié plein (ou moitié vide, selon votre moral actuel), contenait encore largement de quoi prendre un bain correct.
Dommage qu’il ne soit s’agit que d’un évier, et non d’un baignoire. Même si ce dernier était grand, Lyu pouvait toujours rêver pour y entrer en entiers.
Et comble de la joie, il était trop haut pour qu’elle puisse l’atteindre en étant simplement debout sur le sol.
Elle empila deux caisses de bois, pleines de combinaisons de cuir, et les escalada en vitesse.

Elle savait que Red n’allait pas tarder à revenir, et par conséquent le vaisseau de décoller.
Or, ils étaient bien gentils, mais c’était tout de même moyennement confortable.
En toute hâte, elle se nettoya comme elle put, puis descendit chercher dans le tas de vêtements quelque chose de portable.

Elle dut très vite se rendre compte d’une évidence. La navette n’était utilisée que par le capitaine, peut-être parfois par Kei ou Yattaran, et encore, vu le désordre ambiant, elle avait des doutes.
Or, le capitaine et elle n’avaient pas tout à fait la même... carrure.
Le moindre haut se transformait pour elle en une robe longue, les manches lui tombaient au coude, et c’était sans même essayer de parler de la place pour les épaules, qu’elle pouvait toujours rêver de remplir un jour, même avec huit heures de musculation quotidienne et un régime sec.
Elle finit par opter par un T-shirt noir neutre lui tombant sur les genoux, un petit short appartenant probablement à Kei, vu qu’elle voyait mal le capitaine le porter, et deux chaussettes noires fines qui pouvaient vaguement passer pour des bas si on y regardait pas de trop près.
Un coup d’oeil dans le miroir à moitié enseveli lui confirma ses craintes : elle était parfaitement ridicule.

Alors qu’elle finissait tout juste de se rhabiller, l’appareil se mit à vibrer. Lyu hésita à remonter en toute hâte pour aller s’accrocher sur un des sièges passagers, pour finalement se dire, que, bon, il n’y avait pas de fenêtres dans la soute, et qu’en conséquent, elle ne pourrait pas voir le sol s’éloigner de ses pieds. Ce qui n’était pas plus mal.
Elle se cala dans un tas d’oreillers, bien décidée à profiter du voyage en tentant d’oublier qu’elle quittait le bon vieux plancher des vaches.
Au même moment, la trappe grinça, et elle vit Red effectuer une descente plutôt rapide vers la soute, pour s’écraser dans un bac de chaussettes qui amortirent sa chute.

-Laisse-moi deviner, demanda Lyu. Tu as sauté toute seule en voyant qu’on décollait, ou tu as paniqué direct et c’est le capitaine qui t’a descendue ?

Red se dit que cette mission était la pire mission qu'elle n'aie jamais faite. Bon, soit dit en passant c'était sa première mission en tant que pirate, ce qui expliquait sûrement pas mal de choses, mais quand même. Il y avait des limites à ne pas franchir. Quand elle était soldat sur Mars, on lui avait déjà donné des missions (pas très importantes) et tout s'était à peu près bien passé. Bon, à peu près à tendance moins. Mais c'était quand même moins le bordel que cette mission. A peine était-elle montée à bord que cet ******* de capitaine avait décollé. Sans la prévenir. Alors qu'elle était debout, pas attachée et qu'elle avait le vertige. Best idea ever.
Voyant que sa passagère ne tenait pas du tout le choc du démarrage (et aussi un peu par vengeance de toutes les piques qu'elle avait sorties) le capitaine l'avait attrapée par le dos et lui avait fait dire bonjour à un bac de chaussettes.
La jeune fille n'avait rien contre les chaussettes mais ce n'était pas une raison pour se montrer si brutal. Elle ne lui avait rien fait. Enfin, presque.
-Prends la deuxième option, Lyu et tu seras proche de la vérité.
L'hybride soupira avant de s'extirper de son bac pour s'assoir en tailleur. Elle commença vraiment à être fatiguée de toute cette histoire
-Comment ça se fait que l'on se retrouve dans un grenier intergalactique? Le Captaine a besoin de toute sa garde-robe avec lui pour se sentir bien ?.

Lyu devait bien admettre que Red avait... tout à fait raison. Elle qui s’imaginait que le capitaine changeait de vêtements un fois par mois, vu qu’il se trimballait toujours dans la même tenue, possédait une garde robe quatre fois plus grande que la sienne, qui n’était pourtant pas des moins coquettes.

-Ouais, c’est vrai, ça... ou alors, c’est Kei qui a tout installé.

Son regard parcourut une nouvelle fois la pièce.

-Enfin, je voyais tout de même notre chère gradée plus organisée que ça.

Une secousse ébranla la machine, et Lyu se cramponna comme si sa vie en dépendait à la poutre la plus proche.

-Je rêve ou le capitaine conduit aussi mal que Yattaran ? couina Lyu.
-Je vous entends, d’en haut, signala le capitaine d’une voix étouffée.

Lyu renonça à dire quoi que ce soit, et préféra se concentrer pour que son estomac -et son contenu- restent à leur place, ce qui ne s’annonçait pas gagné d’avance.
C’était à se demander si le capitaine conduisait vraiment comme un pied, ou si, par pur sadisme, il s’amusait à les embêter.

On entendit soudain, venant de la cabine au dessus, un miaulement apeuré, puis, résultat d’un lancer parfait, un chaton franchit la trappe a toute vitesse, avant de s’écraser sur Red, en dessous.

-J’avais prévenu ! Lança le capitaine. Tu paniques, tu voyages en soute.
-Miiii protesta le chaton en se tortillant.

Il n’avait visiblement pas apprécié le voyage par les airs, et Red, qui n’avait plus l’air d’être en possession de tous ses moyens, fixait la trappe avec un drôle d’air, se demandant sans doute s’il allait continuer pendant longtemps de pleuvoir des chatons.
Lyu s’enfonça dans ses oreillers en se demandant quelle était la possibilité de trouver un passage spatio-temporel, et l’ouvrir, et de ne plus jamais revenir.
Hum, raisonnablement parlant, quasi-nul.

-Capitaine, gémit-elle. Dites-moi qu’on arrive bientôôôôt !

[Je pense qu'on peut se diriger doucement vers une conclusion, tu en dis quoi ?]

Red se sentait partir. Littéralement. Elle se sentait de plus en plus mal au fur et à mesure que la navette tanguait et les cris de Lyu et de la boule de poils n'arrangeaient rien. Elle même était trop épuisée pour tenter d'émettre un son. Elle rampa vers l'évier et s'y accrocha comme si sa vie en dépendait. D'ailleurs elle était persuadée que c'était le cas.
-Capitaine...J'crois que j'vais vomiiiiiiiiiiiiir...
Sa voix était de trop faible pour qu'il l'entende, mais la jeune fille n'en avait cure. Au moins, elle l'avait prévenu et il n'aurait qu'à s'en prendre à lui-même si jamais un accident arrivait.
Le petit monstre profita de la panique pour escalader sa jambe en miaulant.
-Miiiiiiiii
La pirate grimaça et tenta de le déloger en bougeant sa jambe (doucement quand même pour ne pas lui faire mal) mais celui-ci avait sorti les griffes et restait accroché à son pantalon. La jeune fille fut d'ailleurs contente d'en avoir un en voyant les lacérations qu'il avait subies. Le capitaine lui en devait un nouveau, maintenant.
Le chaton était arrivé jusqu'à la taille de la jeune fille.
-N'y pense même...urgh...pas....
Ne tenant pas compte de l'avertissement, il commença à attraper son t-shirt.
-Ah! Ça fait mal !
Effrayé par le cri, pourtant mélodieux (si on est un sadique qui aime les cris de douleur, bien sûr), la petite bête s'enfuit en griffant une denière fois sa pauvre victime.
-Un peu moins de bruit, en bas.
-Parlez pour vous, spèce de sadique !
Red releva légèrement son t-shirt pour voir l'étendue des dégâts.
-Ça saigne fort en plus cette connerie !
La douleur semblait lui avoir singulièrement éclairci l'esprit, mais pas assez pour l'empêcher d'insulter leur conducteur. Elle se rendit compte de son erreur trop tard.
Des secousses de plus en plus importantes ébranlèrent l'appareil, faisant crier les passagers (parce ce que le chat compte) .
-Aaaaaaaaaaaaah! C'est bon, suis désoléééééée !
Les secousses se calmèrent singulièrement. Red qui était en mode larve par terre (elle avait lâché l'évier dans les secousses) grogna :
-Moi et ma grande gueule...

Lyu s’était demandé un moment comment ils allaient bien pouvoir quitter la soute du petit vaisseau. Albator leur donna la réponse sans même avoir à ouvrir la bouche.
Il eut juste à poser son index sur un bouton vert, et une trappe s’ouvrit sous les pieds des filles.

Lyu battit inutilement des jambes tandis que le sol se dérobait sous elle. Elle se retrouva à dévaler à plat ventre une courte passerelle en métal recouverte de lino. Elle crut comprendre que Red suivait, de même que trois caleçons et huit paires de chaussettes, entraînés par la pente à quarante-cinq degrés.
Le capitaine devait être plutôt content de savoir que le hangar était vide, et dans le noir, autrement, dans les vingt minutes à suivre, tout l’équipage était au courant qu’il avait un faible pour les boxer à pois.
La jeune femme rangea sagement l’information dans un coin de son esprit, puis elle attrapa au vol Chouquette qui malgré ses griffes sorties ne parvenait à ralentir sa chute inévitable, et se roula en boule autour du chaton, pour s’écraser à pleine vitesse sur le métal su sol du hangar, aux pieds du capitaine.

-Bien, Lyu, fit-il sur un ton particulièrement militaire. Nous sommes d’accord, il ne s’est rien passé sur Mars.
-Oui capitaine, répondit sagement l’infirmière, tout en ôtant de sa bouche la chaussette qu’elle avait avalé au passage.
-Enfin, si, tu as ramassé un chaton errant, et je trouve ça particulièrement ridicule.

il cracha tant sur les deux derniers mots que Lyu eut le réflexe de serrer Chouquette contre elle. Pour quelqu’un qui lui faisait gouzi-gouzi -au chaton, pas à elle- voilà deux heures, il avait désormais entièrement repris son rôle de capitaine

Cependant, Albator ne devait pas avoir tout à fait oublié ses promesses, parce que la seconde d’après, un objet métallique de petite taille entrait en collision avec sa joue. Lyu referma ses doigt sur la petite clé que le capitaine lui avait lancée.

-La clé de la soute ? devina-t-elle.
-Oui. Et pour le chocolat chaud, demain, dans mes appartement, quatorze heures.

Il ajouta en fronçant les sourcils.

-Je précise que si quelqu’un te voit entrer, je te loge une balle dans le crâne.

Lyu se demanda un moment si c’était pour éviter les crises de jalousie de Kei, avant de finalement opter pour l’option dans laquelle Albator refusait de faire entrer une infirmière dans sa chambre.
Lui, malade, blessé ? Ce serait la fin d’un mythe !

Avec un bonheur indescriptible, Lyu fourra la clé dans sa poche, puis détala à toute vitesse. Déjà à moitié déshabillée alors qu’elle se trouvait encore dans le couloir -vide, par chance, elle se jeta sous la douche.
Une heure à sentir la sardine, ça commençait à bien faire.

Juste devant sa porte, Chouquette miaulait déjà comme un fou pour réclamer son biberon.

[Youhouhouuuuu, terminééé ! je te laisse conclure ?]

Red était plus que soulagée de voir cette mission se terminer. Elle allait pouvoir regagner sa cuisine et se promit intérieurement de ne plus jamais remettre les pieds en dehors de l'Arcadia (sauf s'ils faisaient une escale sur Rakkuen, bien sûr). Ou du moins, avec le Capitaine qui était un aimant à problèmes.
Elle soupira. Sa propre mauvaise foi l'exaspérait desfois. Se rendant soudain compte qu'elle se trouvait seule avec le capitaine, elle grimaça et s'enfuis elle aussi en courant, lui laissant le soin de tout ranger. En chemin, elle croisa Yattaran:
-Alors comme ça, la pauvre petite Red a le vertige ?
-Yatta, si tu parles de ça à qui que se soit, je t'émascule et je te fais bouffer tes organes génitaux, vu ?
Le second ne parut pas impressionné.
-Si tu le dis...
-Au fait....J'ai gagné le pari !
-Menteuse !
-Elle ne ment pas, Yattaran.
Tous les deux sursautèrent pour voir le capitaine derrière eux. Red eut cependant la satisfaction de voir le visage du second se décomposer.
-Ca...Capitaine !?
-Red, il y a des vêtements à aller ranger dans le hangar.
La jeune fille retint juste à temps une remarque bien sentie et alla ranger en grommelant dans sa barbe inexistante. Quand elle eut fini, elle s'enferma dans sa cabine et s'endormit.
Elle fut réveillée une heure plus tard pour une voix douce et melodieuse:
-Debout fainéante !
-Gné reuh Masu ?
-Mon livre, jeune fille !
La pauvre loque mit un certain temps avant de comprendre sa question et de s'éxécuter. Elle allait se rendormir mais la cuisinière semblait d'un autre avis:
-Tiens, Lyu m'a demandé du lait chaud dans un biberon, va donc lui apporter puisque tu n'as rien de mieux a faire !
Red grogna pour la forme et se traina dans les couloirs pour accomplir sa mission. Elle arriva devant la porte de l'infirmerie et entra sans frapper.
-Qui est...Oh c'est toi Red.
Celle-ci eut un petit sourire en voyant la soigneuse.
-Tiens, Masu m'a demandé de t'apporter ça !
Elle lui tendit son fardeau. Un silence gêné s'installa.
-Bon, ben...J'vais y aller...
-Attend !
Red se retourna.
-C'était plutôt sympa cette mission, malgré certains trucs...
-Ouais...On fait une sacrée équipe toutes les deux. Mais la prochaine fois, le capitaine ira voir sur Pluton si j'y suis si il essaie de venir !
Lyu rit.
-J'crois que vais aller me coucher. On se revoit demain ?
-À demain.
Quand Red sortit de l'infirmerie, elle souriait. Elle venait enfin de e faire une amie dans sa nouvelle vie...

[Ayé ! Fini ! *danse la macarena*]